jeudi 31 janvier 2013

France : Comment se décompose la dépense publique ?

France : Comment se décompose la dépense publique ? 

Etude détaillée de Natixis par fonction, type de dépenses, avec comparaison européenne  systématique



Lien : http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=68152



L'étude est à mon avis doublement intéressante
- La comparaison se fait avec les autres pays de la Zone Euro, où le périmètre de dépenses est comparable. La comparaison avec les Etats-Unis est souvent peu pertinente, car l'éducation, la santé ou les retraites y  sont privés ... 
- La décomposition est assez fine, par fonction notamment, ce qui permet d'éviter les raccourcis démagos ... L'auteur reste assez neutre

L'écart total à expliquer s'établit à 8,2% du PIB (56% du pib en France contre 47,8% en Zone Euro ). 
Voilà les deux graphiques les plus synthétiques de l'étude selon moi : 
 
  Détail des dépenses sociales (ne recoupe pas exactement le graph précédent) :
 


Pour 4-5% du PIB environ, l'écart correspond aux domaines classiques de l'exception française : défense (0,9% du pib), santé (0,8%), culture (0,3%), environnement (0,3%), mais aussi enseignement (1,2% du pib, en raison de la large gratuité dans le public et de la prise en charge de l'essentiel des coûts dans le privé) et politique familiale (1% du PIB).


L'essentiel de l'écart (3-4% du PIB) correspond aux prestations sociales : il ne s'agit pas vraiment des RSA ou Assedics (inférieurs à la moyenne) mais surtout des dépenses de retraite (3% du PIB) et de logement (1,3% du PIB mais pour une politique qui ne fait que gonfler la bulle immobilière selon moi).    
L'étude tente aussi une explication par "type de dépenses" (salaires, investissement), qui met en évidence une part plus élevée des salaires. Cette partie est pour moi moins convaincante car peu détaillée. On peut retenir en tout cas un soupçon de frais de gestion du système plus élevée qu'ailleurs (à détailler sur d'autres articles). 

CONCLUSION  et avis personnel
Schématiquement, la moitié de l'excédent de dépense publique française correspond donc bien à l'exception française, surtout dans les domaines de la politique familiale, la défense, l'éducation (et marginalement dans la culture et l'environnement). 
L'autre moitié vient des dépenses sociales, mais surtout du côté des retraites et dans une moindre mesure du logement.
On remarquera qu'il ne s'agissant pas des sujets principaux de la campagne présidentielle, dominée par le RSA, les Assedics ou autres ...

mercredi 30 janvier 2013

Ouch ! Retour à la réalité du PIB américain


Zero hedge nous donne un graphique qui décompose très bien le PIB américain au 4ème trimestre 2012, avec les contributions de chaque secteur

http://www.zerohedge.com/news/2013-01-30/shrinkage-us-economy-declined-01-q4


Ci-après une reprise de l'image : (cliquer pour agrandir l'image)

 

Donc en résumé, voilà les contributions de chaque secteur : 
- Les stocks (variations de) ont fait baisser la croissance (-1,3%), après l'avoir augmenté au T2. Le commerce extérieur a aussi un peu pesé (-0,25%), ce qui corrige le trimestre précédent (+0,23%).
- La consommation des ménages accélère un peu (contrib +1,5%). L'investissement accélère un peu plus (grâce au rebond de l'immobilier). 
- Les dépenses publiques rechutent (contrib -1,3%) après avoir bondi au T3 ! On peut supposer qu'il y a eu un petit coup de pouce avant les élections (notamment au niveau des dépenses militaires) ... 

Donc en résumé, voilà l'évolution du pib sur les 3 derniers trimestres
 
Source : BEA via BNP Eco http://economic-research.bnpparibas.com/Views/InterHomeView.aspx
    
En conclusion, les Etats-Unis sont sur un rythme de croissance de 1,5% depuis le printemps 2012, une fois le neutralisé le rebond pré-électoral. C'est un peu mieux que la Zone Euro, mais il n'y a priori pas de quoi pavoiser, surtout avec un déficit public compris entre 7% et 8% du pib.   
Il sera très intéressant de refaire le même exercice avec le PIB français pour la fin d'année 2012 ...

Remarque : Le PIB US est publié en "rythme annualisé" (cad le trimestre x4), alors que les PIB européens sont en base trimestrielle. 
Le chiffre de la croissance correspond à la croissance du PIB en $ courants à laquelle on déduit l'inflation ("déflateur du pib"). Là aussi il y aurait bcp à dire et les chiffres sont probablement enjolivés (bizarrement, le déflateur du pib est tjrs inférieur à l'inflation) mais ça devient très technique. J'essaierai de trouver un article sur ce sujet. 

lundi 28 janvier 2013

Comment expliquer le PIB de la France ?


Un article intéressant d'Olivier Berruyer : le PIB de la France 

le lien : http://www.les-crises.fr/pib-trimestriel-france/

Ci-après en extrait un des graphiques les plus intéressants :
Contributions évolution PIB France

Ce graphique expliquer donc d'où viennent les évolutions du PIB, notamment sur les 4 derniers trimestres (0,0% en moyenne !) :
- de fortes variations des stocks et du commerce extérieur d'un trimestre sur l'autre. C'est assez classique, même si on constate que les fluctuations sont plus fortes qu'avant la crise.

- une légère baisse de l'investissement des entreprises
- la fameuse "résistance de la consommation" 
 ... donc rien d'inquiétant, simple ralentissement ?


Mais comment diable la France évite-t-elle la récession ?

(développement personnel du sujet)


La toujours vantée "résistance de la consommation" laisse dubitatif dans le contexte économique actuel : hausse du chômage, stagnation des salaires, baisse des ventes de voiture, etc.
Le calcul officiel d'une croissance de 0,0% depuis 4 trimestres ne m'inspire pas spécialement non plus. 

Du coup, j'ai fait un petit tour sur le site de l'Insee pour récupérer le détail de notre fameux PIB :   
 http://www.insee.fr/fr/indicateurs/cnat_trim/series/t_pib_vol.xls

dont voilà un extrait mis en forme :  
 

Et là Bingo ! En fait la "consommation" se divise en deux :
- celle des ménages n'a pas bougé d'un yota
- la consommation des administrations publiques a contribué à la croissance pour 0,4% sur les douze derniers mois ! 

Conclusion : l'économie privée se contracte déjà, et la croissance se maintient à 0 grâce aux dépenses d'administration. Étonnement, personne n'en parle.
J'actualiserai ce tableau mi-février avec la croissance du T4 2012, mais à mon avis ce ne sera pas folichon ...   

Petite explication des agrégats du PIB 
La "consommation des APU" représente environ 29% du PIB, alors que les dépenses publiques représentent 56% du PIB ... c'est diablerie n'est-ce pas ? En fait les dépenses publiques se divident en deux grandes parties : 
- les dépenses de redistribution, 29% du PIB : l'argent est distribué par l'Etat, mais dépensé par les ménages. Il s'agit des retraites, de la santé, mais aussi des assedics ou allocs logement.
- la consommation des APU, 27% du PIB : il s'agit grosso modo des dépenses de gestion de l'état et des collectivités locales, y compris régalien, éducation, etc.

En fait au sens du PIB, on regarde qui opère la "consommation finale" d'un bien/d'une prestation, pas la circulation des flux.
Dans le cas des dépenses publiques, la distinction permet de mieux distinguer :
- la redistribution, qui relève d'un choix politique de société
- les frais de gestion du système, qu'il est objectivement utile se conserver dans des proportions raisonnables ...